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C'était un ami, l'ami que l'on rêve d'avoir. Nul n'a poussé plus loin l'art de la conversation. Il savait écouter, fouiller l'intelligence d'autrui, la faire émerger, laver la bonté souillée. Il maniait la parole comme un merveilleux instrument de musique, non pas pour s'entendre, mais pour entendre (...) Et cette conversation débordait en correspondance, la parole se déposait en écriture.

D'autant plus qu'un jour, absurdement, en toute injustice, cet instrument unique a été supprimé - et comment aurait-il été possible de le remplacer par un horrible pisaller, l'effroyable crécelle qui est certes bien mieux que rien pour la plupart, mais pire pour lui ? - il n'est plus resté que la nostalgie de la conversation perdue ; l'écriture, jadis trop plein, est devenue la seule issue : faire parler par elle et faire écrire.

Michel Butor

4e de couverture de Lettres à Michel Butor (1956-1967)

éditions Ubacs 1982

 

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