accueil - sommaire - approche - lecture 1 / 2 - bibliographie - liens - contact - actualités - plan du site

Ken avo

J'avais quitté la Seine-et-Oise de bon matin
Ma mansarde là-haut, sur la colline
Où l'on observe les astres et les fusées
Mon poêle à pétrole, mes pipes
Mes livres, mes poussières, ma fenêtre
D'où je pouvais ne pas regarder la Tour Eiffel
Qui tourne de l'oeil tous les soirs
Le Panthéon, le Sacré-Coeur, ce fromage blanc
D'autres choses encore, indicibles
Pour le moment.
Les toits de Paris.
J'allais une fois encore vers cette Bretagne
Qui m'a très jeune fasciné
Qui m'est aimant quand j'en suis loin
Qui m'est douleur quand de trop près
J'en subis la loi inflexible
De pierres et d'horizons.

début de Poèmes Bleus

 

 

Face au ciel pommelé, au ciel
Qui est très propre aujourd'hui
Comme la mer, un peu plus bas
Avec son troupeau de brebis
Qui freinent au creux de la plage
La terre c'est le grand danger
Qu'elles prennent garde au berger
Les touristes vont arriver
Sur la bosse de l'horrible été.

Poèmes bleus op. 22

Je rentrerai par Saint-Tugen
L'église est très abandonnée
Mais Dieu ne va plus à la messe
Nous sommes entre hommes c'est bien
Vaille que vaille
J'irai chercher la clé
Chez la bonne vieille à côté
L'église est toute lézardée
Les saints de bois ont froid
Dans leur niche
Nous sommes moins seuls que les saints

Poèmes bleus op. 32

Pense si tu la connais
A cette petite chapelle
A ce dernier refuge occidental
Du bon Dieu, mort paraît-il
Peut-être assassiné
Allez chercher le criminel
Elle passe son purgatoire
A la pointe du Van, là-bas
Bien sûr elle ne sert plus à rien
Elle a de la barbe d'écume au menton
Un pêcheur retraité
En fait visiter les absences
Quand il y a beaucoup de monde
En état de curiosité

Poèmes bleus op. 51

Des lieux où la vie et la mort
Battent les cartes du grand jeu
Et qui grandissent avec nous,
Nous envahissent
A tel point que si l'on me demandait
Comment est fait l'intérieur de mon corps
Je déplierais absurdement
La carte de la Bretagne.

Poèmes bleus op. 53

Je faisais mon dernier voyage
C'était comme un pélerinage
Je repassais
Comme ces malheureuses de Degas
Je repassais les draps routiers
De ce que j'appelais mon passé,

Poèmes bleus op. 12

Je m'arrêterai peut-être aussi
Dans ce petit bistro tout seul
Dans l'éternité de l'espace
Une clochette à l'entrée
Trois marches pour dégringoler
Dans l'ombre des choses humbles
L'odeur de la réglisse, du pierrot gourmand
De la semelle de caoutchouc
De l'essence
De la vie.

Poèmes bleuso p. 31-32

O Concorde Solférino
O Vaugirard, Sèvres Lecourbe
Lèvres se courbent disait Fargue
Les visages crus de vos lignes
Me sont à tout jamais restés
Visages au moins pathétiques
De ceux qui rentrent enfin chez eux
L'oeil mangé de cernes mauvais

Poèmes bleuso p. 87

Une vie ordinaire

On m'a bien dit que j'étais né
mais de si drôle de façon
je me méfie des gens qui m'aiment
sans trop pouvoir faire autrement
bref j'attends confirmation
de cet événement suspect
rien ne m'ayant encore donné
l'enviable sensation
d'être tout à fait là sur terre
plutôt que dépendant d'un ciel
qui change souvent de chemise
bien plus que moi.
N'importe allons
Je suis pour le discours humain
Je suis pour la moitié de pain
Le désespoir c'est de se taire
Et si mon langage vous pèse
quoique si léger si fuyant
rien de plus facile à votre aise
que de jeter ce livre au vent.

il m'étonne encor d'éprouver
le taciturne goût de vivre
Je l'entends qui se parle en moi
comme dans un habit trop grand
se débattent la chair et l'os d'un
qui aurait poussé trop vite.

Une vie ordinaire op. 21

Ici naquit Georges Machin
qui pendant sa vie ne fut rien
et qui continue Il aura
su tromper son monde en donnant
quelques fugitives promesses
mais il lui manquait c'est certain
de quoi faire qu'on le conserve
en boîte d'immortalité.

Prendre l'air était son métier.

Une vie ordinaire op. 28

J'aimais me sentir dans le vent
dans le blé bleu qui pique aux jambes
le blé n'est pas bleu je le sais
mais un mot en amène un autre
et tout a la couleur du ciel
quand notre oeil est en nouveauté.

 

 

Une vie ordinaire op. 31

J'y suis arrivé à ce rien
pour elle le plus mauvais sort

(C'est moins facile qu'on le pense
Il faut faire très attention
à n'avoir considération
que pour ce rien qui nous démange
et fait passer grave examen
aux candidats souvent malins
ou un peu trop spectaculaires...)

Une vie ordinaire op. 39

C'était vrai mais déjà le mal
qui me fut le plus grand des biens
d'une liberté sans décor
ou seul celui qui rend la mort
moins sordide décor humain
décor forestier ou marin
déjà le mal me travaillait
et je m'en fus chercher le vent
sans nul regret ni de ce monde
ni de ces jeux sans intérêt
pour qui trouve la comédie
aux moindres moments de sa vie
pour en combattre le poison.

Une vie ordinaireo p. 50

Passages...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

haut de la page

 

 

 

 

haut de la page

 

 

 

 

haut de la page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

accueil - sommaire - approche - lecture 1 / 2 - bibliographie - liens - contact - actualités - plan du site